jeudi 16 janvier 2014

C'est la présentation la plus crade du monde.

J'étais une jolie petite fille de trois ans, blonde comme les blés, vraiment ravissante. J'allais avoir une petite sœur. C'est mon plus vieux souvenir : ma mère menacée au couteau par mon père, et moi, toute petite fille de trois ans, qui allais la consoler dans sa chambre, me serrant contre son ventre tout rond alors qu'elle pleurait. 

 Welcome to the jungle. 

 C'était assez annonciateur du futur. 
Ma sœur est née. Elle était moche comme un cul, toute plissée, braillant à pleins poumons ; un bébé, quoi. Mais c'était ma sœur. 
Ma mère était très belle. Elle avait près de quarante ans quand je suis née, mais c'était une des plus belles femmes que je connaisse (et je juge objectivement d'après photos). Aujourd'hui, à cause du stress, elle est devenue le parfait cliché de la grand-mamie gâteau, toute ronde et d'épais cheveux blancs. Mais bon Dieu, qu'elle était belle, avant, quand elle commençait tout juste à être malheureuse. 
Pourtant, mon père l'a délaissée. Je ne sais pas pourquoi. J'avais trois ans, je m'en serais totalement foutu s'il n'avait décidé que sa fille ferait une meilleure amante que sa compagne.  
J'ai été la maîtresse de mon père. 

Voilà comment la majorité des gens le voit. Comme si ce n'était pas si grave. 'C'est ton père, pas un inconnu, ç'aurait pu être pire, en plus t'étais gamine, tu t'en souviens presque plus, et puis merde, arrête de faire chier, y a des choses plus graves dans la vie !' Des choses pires que ça et qui pourraient m'arriver ? 'Ouais, tu pourrais être en fauteuil roul-oui, bon, mauvaise pioche, okay. Tu pourrais avoir un bras en moins !' Je préférerais, en effet. 

Et je suis très gentille. Car c'est souvent pire que ça. 

Je ne pouvais pas protester. J'étais toute petite. J'aimais mon père. Et c'est douloureux ; est-ce que je l'aime encore ? Est-ce que je n'ai jamais cessé de l'aimer ? Ai-je effacé de mon cœur tout sentiment pour lui ? Je n'ai toujours pas tranché. 

Il avait autorité sur moi. C'était mon Dieu tout-puissant. 

Quand j'ai grandi, à cinq ans, six ans, ou peut-être déjà à quatre ans, il a commencé à menacer ma sœur. Hé oui, on y arrive. Ma petite sœur, dont je m'occupais chaque jour avec ferveur, alors que ma mère était occupée à gérer les animaux, à faire le ménage, à gagner de l'argent, et que mon père était occupé à glander devant la télé, à se bâfrer, à boire et à se droguer. Toutes les qualités mon cher papa. Ma toute petite sœur adorée. Et je ne devais pas dire ça à maman, que c'était de ma faute et qu'elle ne m'aimerait plus, de toute manière elle préférait ta sœur, et ainsi de suite. J'avais tellement peur pour elle. Je savais viscéralement que ma mère ne m'en aimerait pas moins. Mais je lui en voulais de ne rien voir. Comme cette fois où je lui ai dit que c'était irrité, là en bas, qu'elle a regardé et m'a donné de la crème. Oh oui, je lui en ai voulu. 
De toutes les raisons et menaces, la seule qui ait eu raison de moi est celle de faire profiter ma sœur de son savoir. 
(Appelons-la Jane.) 
J'étais si jeune, déjà immensément loyale. Diantre, pauvre de moi. 

Il n'y a jamais eu pénétration. Pas avec son sexe. Il bandait mou à cause de la drogue. Il a essayé pourtant. Et longtemps, ce cauchemar m'a poursuivi : ma mère et Jane mettaient nos affaires dans la voiture, et derrière un paravent, dans la cour, mon père me violait encore et encore. Me pénétrait de son sexe si douloureux. A huit ans, je suis tombée sur un livre pornographique. J'avais déjà commencé à occulter - malgré le rêve - mais tout ce qui était décrit avec précision dans cette horreur m'était parfaitement accessible. Chaque position, chaque mot technique. Horrifiant, non ? 
Il me forçait à mettre son sexe mollasse en bouche ; il me caressait, me forçait à le caresser, m'enfilait ses doigts dans ma petite chatte glabre d'enfançonne. Selon la loi, même s'il n'y a pas pénétration de son sexe dans le mien, c'est bien un viol. 

Quatre ans. Ça a duré quatre ans, à raison de deux fois par semaine, ai-je calculé ; et croyez-moi, j'ai réduit de moitié. Au minimum quatre-cent vingt viols. Sans aucun doute plus. Imaginez-vous vous faire violer près de cinq-cent fois par votre père. Enfant, innocent, protégeant votre toute petite sœur. Sans comprendre, sans accepter, culpabilisant, comprenant. 

"C'est ma faute, j'ai donné envie à papa en me baladant torse-nu devant lui." 

"C'est ma faute, si je n'étais pas aussi jolie, papa voudrait pas venir avec moi." 

"C'est ma faute, parce que..." 

Imaginez. Douleur, trahison, imaginez tous ces sentiments que l'on peut ressentir. Et la honte. 
Lorsqu'il me touchait, je m'anesthésiais, je me déconnectais, le regard rivé sur un des pavés de pierre rouge de sa chambre, à côté du lit ; un chien avait marché dedans et laissé son empreinte, et j'y plongeais, encore, encore, pendant cinq-cent enfers. 
(Appelons-moi Sarah.) 

Ma mère a finalement foutu le camp. Avec nous deux. J'ai occulté, doucement. J'étais plutôt d'accord avec mon esprit pour oublier tout ça. Mon père a porté plainte pour enlèvement. J'ai touché ma sœur. On m'a enlevé à ma mère. Mise en famille d'accueil. J'ai touché le gamin. 
Je savais, confusément que c'était mal. Je me retenais. Et puis, alors que nous jouions à la balançoire, avec Jane, une phrase ; "Jane deviendra ronde mais sera toujours belle. Sarah restera fine mais restera laide." 
Perdu. Je suis pulpeuse et belle. Ceci dit, ma sœur aussi, ils avaient à moitié raison. 
J'avais, quoi, neuf ans ? Je l'ai touché. Parce que je ne savais plus ce qui était bien ou mal. Parce que j'avais terriblement mal, que je me sentais trahie, que je voulais leur faire connaître ce que c'était. Parce que je voulais me détruire. 

Lorsqu'ils ont compris, on m'a frappée, insultée, conspuée, humiliée. Traitée comme une violeuse, une putain. C'est ce que j'étais, une violeuse ; mais j'avais neuf ans et j'avais été violée par mon papa. Personne ne savait. Mais une gamine de neuf ans ne touche pas un mioche de cinq ans pour s'éclater et parce que ses amies lui ont dit que c'était génial. D'ailleurs je n'avais pas d'amis. Ma meilleure amie était morte deux ans plus tôt. A cause de la maltraitance et de la négligence de son propre père. Qui se ressemble s'assemble. 

'On t'a déjà foutu une baffe. Alors je ne le ferais pas. Mais je n'en pense pas moins ; espèce de petite traînée, sale petit monstre.'
(Une des personnes les stupides que j'ai rencontré. A cet âge-là j'étais plus cultivée que lui. Il ne faisait même pas partie de la famille.) 

Une nana est venue me demander pourquoi j'avais fait ça. Quelque chose a failli se débloquer en moi et me submerger, mes souvenirs. Mais j'ai refoulé, prenant peur devant ce qui me parvenait, et j'ai répondu que c'était parce qu'ils ne m'aimaient pas. Elle m'a démontré par A+B que j'avais tort puis est partie, disant à la femme au passage : 
'C'est bon, vous pouvez l'autoriser à se baigner à nouveau dans votre piscine'
Je m'en foutais de la piscine. Je voulais lui dire que quelque chose remuait en moi, me faisait mal, que quelque chose m'était arrivé et que c'était la cause de ces attouchements licencieux. Et puis j'ai entendu ça et j'ai rentré ce qui remuait, je l'ai assommé et enfermé au fond du placard, et j'ai remplacé la douleur par la haine. 

Puis on m'a annoncée, après plusieurs semaines de calvaire, d'insultes et d'humiliations, que j'allais être envoyée en foyer. Me voyant éclater en sanglots la femme s'empressa de me consoler en me disant que ce n'était pas de ma faute, que ce n'était pas à cause de ce que j'avais fait. 

Et ta sœur. 

Hier encore tu m'humiliais et me punissais parce que ton abruti de petit-fils avait passé sa tête par la porte de la voiture alors que je m'apprêtais à la refermer. Et ce alors que la portière de l'autre côté, là où il était assis, était ouverte. 

Le foyer. Ah, le foyer... Humiliations là aussi étaient de mise, de la part d'éducateurs qui avaient du mal à accepter le fait que j'aie plus de vocabulaire qu'eux. De la part de ma sœur, aussi, qui envoyait les autres enfants me maltraiter. Elle devait me rendre responsable de la situation, après tout, c'est moi qui l'avais élevée. 
A dix ans, mes éducateurs ont tenté de me faire déclarer autiste ou attardée (savent même pas faire la distinction, abrutis, va). Un test de Q.I. s'est imposé ; surdouée. Dans votre cul. Cette anecdote est heureuse, mais cette période, qui a duré jusqu'à mes quatorze ans, est parsemée d'épreuves et de souvenirs dans la même veine. Paradoxalement la plus heureuse ma vie. Ce qui en dit long lorsque l'on sait qu'à dix ans, j'avais déjà voulu me tuer et commencé une grave dépression qui ne s'est arrêtée qu'à mes vingt ans. 
A douze ans, je sèche les cours, vais me réfugier dans un parc. Devinez quoi ? Un violeur. 
Je commençais à avoir l'habitude. Déjà au foyer ça baisait dans tous les sens et j'avais été pas mal harcelée. Il se pose à côté de moi, tête nue. Je ne fais pas le lien avec le motard casqué que j'ai surpris en train de m'espionner quand je suis allée pisser. Il parle, nous avons été dans le même collège, eu la même peau de vache comme prof d'anglais. Je suis tranquille. Sa main commence à se balader sur ma cuisse, je la vire. Elle remonte sur mon bras. Je me sens nerveuse. J'essaie de partir. Il me retient, me balance par terre, fourre son phallus dans ma bouche, me viole, partout. Je suis terriblement choquée, pétrifiée, je ne peux plus bouger, hurler, supplier, plus rien faire, esprit déconnecté du corps, et des images me reviennent de mon enfance qui ne sont pas belles. 
Il me suit lorsque je rentre. Il plaisante avec moi, dit qu'il va demander une tente à un pote et qu'on va dormir tous les deux dans le parc. Moi, endormie, anesthésiée, j'entretiens des fantasmes dans lesquels je vais vers le commissariat, entre, et le désigne pour qu'ils l'attrapent. Je ne sais pas où est ledit commissariat. Alors je rentre, je m'allonge sur mon lit et m'endors. 

Le temps passe. J'ai quatorze ans, quinze ans, je couche avec des garçons, majeurs, en échange d'affection. Je suis persuadée que ça marche comme ça. Une forme de prostitution, un viol personnel. 
Je vis chez mon père. Des années à dire qu'il nous maltraitait, nous insultait, nous humiliait et nous rabaissait sans cesse à un juge des enfants pour ça. Le reste... Je commence à me souvenir mais je ne peux pas. L'avocate de mon géniteur est venue me dire que si je ne demandais pas à retourner chez lui, Jane y serait envoyée...seule. 
Me dévouant encore pour une gamine qui me déteste et me fait balancer dans les poubelles par ses potes, je me sacrifie, naïve. Il ne m'a plus jamais touchée, persuadé que je suis totalement amnésique de mon enfance. Il le claironne partout. En prévention du moment où je me souviendrais. Il ignore que c'est déjà fait. 

Je me scarifie depuis trois ans. Il prenait des objets et les glissait sous nos vêtements, au supermarché. Si on se faisait prendre, c'était notre faute. Nous qui volions. 'Une déplorable habitude prise de leur mère'. Ses mains sur ma peau... Les souvenirs remontent, je prends ma lame pour réussir à me taire. Pas brillant. 
Mes bras sont couverts de traits blancs. 

A seize ans, je tente de tuer mon père. Une de mes meilleures amies a tenté de mourir. Elle est dans le coma. Joyeux Noël. 
Fallait pas venir m'insulter comme d'habitude, c'était une fois de trop. 
Elle s'est réveillé neuf mois plus tard. Une renaissance. 

J'ai dix-sept ans. Je me prostitue toujours pour de l'affection qui ne vient jamais. Amoureuse et dévouée comme un chien fidèle au premier à en profiter, celui qui m'a officiellement déniaisée, je suis effondrée lorsqu'il me largue une énième fois. Je bois. Ivre morte, pour la première fois de ma vie, à deux doigts du coma éthylique, deux de ses potes me baisent. Ils s'amusent à me cramer les doigts de pied au briquet en bonus, vérifient si leur lampe à lave rentre dans mon vagin. Cool. Je bois pour oublier. Deux autres viols à deux. Je suis stupide, vraiment. 

J'ai dix-huit ans, je crois. Je vis avec un mec que j'aime sincèrement. Il devait m'aider à me reconstruire. Il avait l'air gentil, je suis emballée. 
Un soir, je m'évanouis, chez ses parents. Dans sa chambre. Il me viole, voit que je ne me suis pas réveillée, descend dîner avec sa famille. 

'Sarah se sent pas bien.'

Tu m'étonnes. Si je n'avais pas senti cette douleur lancinante que je connais bien, cette vieille amie, je n'aurais jamais rien su. Il m'a tout déballé sans aucune honte, lorsque je lui ai dit. J'avais tellement peur que ce soit son père - j'ai toujours eu un problème avec les pères. 
C'est pire. 
Surtout que j'ai un enfant avec lui. Depuis mon anniversaire, je suis en fauteuil roulant. Il finit par me dégager, garde mon fils, mon petit garçon, dont je m'occupais toutes les nuits, tous les jours. Je ne pouvais rien faire. 
Tentative de suicide - encore une. 

Je pars chez ma mère, si vieille, si seule, si triste. Elle vient d'apprendre ce que mon père m'a fait.
Avec mon ex, j'ai porté plainte contre mon père. J'avais demandé à l'enquêtrice de ne pas déclencher les manœuvres tout de suite, que ma sœur soit à l'abri. Encore et toujours. Quand je voulais ajouter des pièces ou quoi, mon ex me laissait sur le trottoir en face, entrait, ressortait au bout de quelques minutes et me disait qu'elle n'était pas là. 
Au final, j'ai appris qu'elle n'avait jamais été demandée par lui. Il restait lire un prospectus ou deux avant de ressortir. 

Chez ma mère, je suis retournée au comico, me disant qu'elle avait dû être classée. Jamais envoyée. Comme j'avais demandé... 
Je fais ma déposition, toujours plus éprouvante - j'en ai encore les cicatrices, des brûlures laissées par mes ongles qui grattaient frénétiquement. Arrivée à la maison, on me rappelle. Quelqu'un au téléphone, un homme, avec un ton rogue, désagréable, cruel, qui m'insulte presque, me dit en filigrane que je ne suis qu'une de ces connasses qui leur font perdre leur temps. 

'Vous avez déjà porté plainte là-bas ! 
- Oui, mais j'avais demandé de ne pas... 
- Elle a été classée sans suite, vous le saviez ! Pourquoi reporter plainte ? 
- Non, je ne savais pas, je... 
- Un courrier vous a été envoyé, ne mentez pas !'

 A l'adresse de mon ex, petit malin ? Il n'allait sûrement pas me prévenir. 

Je me mets à pleurer, ça devient presque hystérique, je n'en peux plus, je souffre trop, et puis ça. Ma mère prend le téléphone et règle la question alors que je me laisse emporter dans un tourbillon de haine diffuse, principalement contre moi-même, de douleur, d'absence totale d'espoir. 

Elle avait envoyé la plainte, ne m'avait pas écoutée. Elle avait raison. On a interrogé mon père. Ma petite sœur. Je suis terriblement blessée qu'elle ne me l'ait pas dit. Pas ma mère. Pas mes éducateurs, pas mon dossier d'enfant placée qui en aurait dit long. Pas ma demi-sœur, quinze ans plus vieille que moi, avec qui je n'ai jamais habité, qui dormait toute habillée tant elle avait peur de notre père. Tiens donc. 
Au placard. 
Pour la suivante, j'ai le droit à une évaluation psychologique qui détermine que je ne mens pas. Cool. 
Depuis je n'ai aucune nouvelle. Deux ans. Je n'appelle pas car je ne veux pas qu'on me dise qu'elle aussi est passée à la trappe. Je préfère me dire qu'elle existe toujours quelque part. 
On n'a pas réinterrogé ma sœur. Toujours pas ma mère. 
Dix ans à dire que notre père était une pourriture, toujours placée chez lui. Deux plaintes, un calvaire, rien. 
Ma sœur est chez lui, toujours. 

Lorsque j'étais enfant, un ami de ma mère qui est riche et influent a fait son enquête. Casier judiciaire apparemment chargé. Mon géniteur a tenté de tuer son frère. A prostitué ses deux sœurs. 

Alors pourquoi ? 

J'ai voulu porter plainte contre mon ex. Je ne l'avais pas fait avant, pas le courage, et puis c'était si habituel pour moi. Comme je l'ai dit aux flics, après ce que mon père m'a fait ce n'était rien. Mais j'ai quand même été traumatisée en profondeur par cette trahison. Et puis il y avait Hugo. Je ne voulais pas qu'il se dise, plus grand, 'mon père est un violeur'. 
On m'a accueilli avec hargne, au comico. 'Pourquoi vous n'avez rien dit la première fois ?' On m'a clairement fait comprendre qu'on commençait à me prendre pour une mythomane, ou que c'est que je le cherchais, quelque part, et pourquoi n'ai-je pas dit ça quand je suis venue porter plainte contre mon père ? 

'Vous en avez encore d'autres des histoires comme ça ?'
Oui, quatre, connard. 
Je n'en ai jamais parlé de celles-là. 

Pourquoi, hein ? 

J'ai cherché des témoignages, j'ai découvert que beaucoup de personnes se doutaient de ce que me faisait mon père. Pas une n'a parlé. 

Pourquoi, bordel ?! 

Aujourd'hui, je suis toujours frigide, traumatisée, peureuse, je ressens toujours chaque acte sexuel comme un viol. Je me force pour faire plaisir, pour ne pas être seule. Je n'ai pas revu mon fils. Je m'en sors bien. Mon ultime tentative de suicide a mis fin à ma dépression par quelque curieux mécanisme. Mais je ne suis pas heureuse. Jamais. 

Jamais... 
On n'oublie pas. Plus que la douleur, la honte. Plus que la honte, l'injustice.

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